Quand on est photographe de mariage, on ne capture pas que des images. On garde les souvenirs d’une vie. Et perdre ces photos, c’est inenvisageable. Je vous raconte comment j’ai évité le pire (deux fois), et surtout, ce que j’avais mis en place pour ne rien perdre, et comment j’ai optimisé l’existant.
Je suis en Dordogne, les disques durs sont au chaud dans mon bureau
C’est un secret pour personne, je suis photographe professionnel en Dordogne. Les deux histoires que je vais vous raconter remontent un peu, deux ans tout au plus, mais ça aurait très bien pu arriver hier !
J’ai failli perdre toutes les photos (dont les photos de mariage), mais aussi tout l’administratif de mon entreprise. Bref, perdre toute une vie professionnelle, ce n’est pas vraiment ce qu’on appelle « cool ». Sans parler de l’image qui en prend un sacré coup ! « Hein ? Vous n’avez plus mes photos du mariage de la semaine dernière ? WTF !!!!! » Le genre de truc qui ne me fait pas du tout rêver.
Donc j’avais pris mes dispositions. Mais j’étais surtout persuadé qu’un claquage de disque dur ne m’arriverait pas. Que j’aurais changé dans les temps, etc… Ben non, ça n’arrive pas qu’aux autres.
Autant un incendie, c’est plutôt rare. Autant la perte de fichier, c’est beaucoup plus courant.
Bref, j’ai failli tout perdre l’été dernier en 2024, et il y a quelques semaines à la rentrée 2025.
Spoiler : j’ai rien perdu.
Été 2024
Un beau jour : bim, plus de disque dur externe. Nada, kaput. Je branche, rebranche, souffle, nettoie… NADA. Le disque dur ne veut pas tourner.
Vous la sentez passer la goutte de sueur qui arrive au front ? Elle était très grosse.
Je me dis : ok, no stress, j’ai une sauvegarde cloud, j’ai la fibre, je vais tout récupérer facilement. Juste un détail : j’ai 4,5 To de données. Soit 4500 Go. Ça commence à faire un peu en termes de volume. Ce n’est pas un petit disque dur à 50 balles qui va me régler le truc.
Étape 1 : trouver un disque pour récupérer autant de données. Car ce sont 4,5 To de données, mais compressées (quand on les récupère du cloud). Donc faut les décompresser, et avoir à minima le double d’espace.
J’y mets les moyens : un disque dur Lacie de 10 To. Histoire d’être tranquille un moment. Une marque ultra reconnue chez les pros. Je pourrais dormir tranquille. Et j’en prends un second pour la future sauvegarde (on y reviendra).
Bref, j’importe ma sauvegarde du cloud. Et là, super surprise : le soft de restauration ne veut pas marcher. Okayyyyyyyyyyyyyy, pas cool du tout. Seconde grosse goutte de sueur.
Donc je dois aller sur le site du cloud et créer moi-même des dossiers compressés ZIP de 500 Go. Oui, 500 Go, pas 4,5 To.
V’là la première galère : s’assurer de ne rien oublier.
Ok, pourquoi pas. Je n’ai pas le choix. C’est ça ou rien. Donc go, on télécharge.
J’ai dit que j’ai la fibre à 1 Gb/s, soit 125 Mo/s théoriques. Le téléchargement se fait à coup de 10 Mo/s maximum (soit 10 % de la capacité de ma fibre). Et encore, je ne suis même pas sûr, je crois que c’était moins que ça. Deux téléchargements simultanés maximum, sinon ce n’est pas drôle ! Sans parler des échecs de téléchargement.
Bref, une seconde galère. J’ai mis plus d’une semaine pour tout télécharger.
La décompression des ZIP, elle, ça a été. Un peu longue forcément sur des disques durs, mais ça va. Pas de souci.
J’ai tout retrouvé.
Entre la commande des disques, le téléchargement, etc… je n’ai pas eu accès à mes données pendant 15 jours.
J’ai eu de la chance : malgré la saison des mariages, ça s’est passé sur une période creuse. Et comme je suis plutôt organisé, ça ne m’a pas trop empêché de bosser. Malgré le stress généré.
Moralité : la prochaine fois, il n’y aura pas de prochaine fois ^^
Mais quand même, ça fait réfléchir. Oui, le cloud de sauvegarde, c’est bien. Très bien même. Mais je dirais que ça doit rester la dernière solution de secours.
Maintenant, comment je me suis organisé ?
J’ai un disque externe de données. Tous les soirs, je fais une copie de ce disque sur un second disque, en local. Bien sûr, j’ai la sauvegarde cloud au cas où. Et j’ai aussi prévu un renouvellement régulier des disques. Inutile d’attendre qu’ils lâchent.
Comme ça : si un disque lâche, j’ai le deuxième sous la main, prêt à prendre le relais. Et si vraiment j’ai pas de bol et qu’il y a un incendie, j’ai quand même la sauvegarde cloud (et on peut leur demander d’envoyer un disque dur avec les données, c’est plus simple).
PS : une semaine plus tard, c’est le disque de sauvegarde du Mac mini qui lâche. Sans impact sur le travail, mais hop, un remplacement de disque aussi à ce moment-là.
Rentrée 2025
Je me dis : allez, je vais brancher un petit SSD externe pour accéder à certaines données plus rapidement. On l’appellera DATA.
Ni une ni deux, c’est branché. Et en bon professionnel que je suis, je prévois la copie locale (vous suivez ?). Copie locale que je prévois sur mon gros disque dur externe (LACIE1). Histoire d’être tranquille.
Ce LACIE1 est copié tous les soirs sur le LACIE2 (sauvegarde locale) + sauvegarde cloud. Bref, j’suis blindé.
Je paramètre mon logiciel de sauvegarde, et je lance…
Et là, qu’est-ce qu’il se passe : le logiciel supprime toutes les données du disque dur !!!!!! NAN MAIS ÇA NE VA PAS ?????
On coupe tous les logiciels de sauvegarde et les sauvegardes cloud.
Je vérifie… et comme un con, j’avais demandé à mon logiciel de sauvegarder mon SSD DATA vers le LACIE1 à l’identique.
Et comme l’informatique c’est puissant et que ça suit les instructions à la lettre : il a tout effacé pour copier le SSD DATA.
Bref, c’est 100 % de ma faute.
Sauf que tu vois le délire venir ? Si le logiciel avait lancé la sauvegarde du LACIE1 vers le LACIE2 ? → J’aurais perdu toutes mes données. (Et la sauvegarde cloud qui s’y met derrière…)
Donc ouf, c’est restauré. Mais pareil : j’ai gagné une bonne sueur froide.
THE Bilan (car il faut toujours un bilan et un apprentissage)
- Perdre ses données, ça arrive à tout le monde. Je suis sûr que tu connais quelqu’un à qui c’est arrivé.
- Perdre ses données en tant que pro, pour moi, ça relève de la faute professionnelle. Il existe des moyens de faire des sauvegardes pour ne rien perdre. Donc il faut les mettre en place.
- Ne pas compter que sur le cloud. D’ailleurs, faudrait que je change pour un truc plus performant.
Le bilan du THE Bilan ?
La sauvegarde des photos de mariage, ça à un coût :
- Les disques à l’achat (de qualité hein, ce sont des disques qui tournent H24)
- Le renouvellement régulier des disques
- La sauvegarde cloud
- Le temps passé à mettre tout ça en place, à vérifier de temps en temps, etc.
Donc ok, ça ne coûte pas des milliers d’euros tous les ans. Mais ça se cumule au reste des frais de l’entreprise.
Et c’est ce qui explique aussi, en partie, pourquoi je facture mes prestations à leur prix. Parce que quand un client vient me voir et me dit : « J’ai perdu toutes mes photos de mariage, est-ce que tu peux me les renvoyer ? » Je veux pouvoir dire : oui, je peux le faire tout de suite. (Oui, ça aura un coût, mais tu auras tes photos)
Donc chaque reportage mariage est sauvegardé sur plusieurs supports, et accessible même plusieurs années après. (je le redit pour que ce soit bien clair)
Entendre des collègues dire qu’ils ont tout perdu, mais qu’ils n’avaient rien mis en place en termes de sauvegarde parce que « ça coûte cher »… Ben non, désolé, je ne peux pas l’entendre.
Et pourquoi ça leur coûte cher ? Parce qu’ils vendent à perte… et n’ont pas prévu la sécurité dans le prix.
Voilà, mes petites histoires de la vie 😉